sans-abrisme, une réalité de la maison de la diaconie
Lucie*, tu as accepté de revenir sur une expérience douloureuse de ton parcours de vie.
Oui, après avoir vécu ici plus de 30 ans, je me suis retrouvée sans permis deséjour. J’ai du repartir dans mon pays.Mais je n’y connaissait plus personne.Je suis donc revenue sans rien.J’ai été hébergée par des amis pourquelques temps, avant de meretrouver sans logement. J’ai dormisous des ponts, dans l’humidité, surdes cailloux dans la région de Sion
Très difficile ! On est à l’écoute de chaque bruit. On ne dort pas. C’est pareil à chaque nouvel endroit car les bruits changent. Il faut passer plusieurs nuits pour s’habituer un peu. c’est épuisant. Et ce qui est très beau c’est qu’on n’a rien mais qu’on s’entre-aide. Un jour, un autre sans-abri m’a donné son unique pull parce que j’en avais besoin.
Un soir, la police est intervenue. Ils nous ont expliqué que dormir sous un pont était dangereux et nous ont mis en lien avec la Maison de la Diaconie et de la Solidarité. Aujourd’hui, grâce à eux, j’ai un logement et du soutien. Sans eux, j’y serais encore !
Que voudrais-tu ajouter ?
Exprimer ma reconnaissance aux nombreux bénévoles du Verso qui nous ont aidées. Aujourd’hui j’essaie d’avancer. Il faut avoir l’espoir ! Car à un moment donné on ne l’a plus. On broie du noir. Et ça j’aimerais que tous les gens sans-abri puissent se le dire. Si pour moi ça a joué, alors il faut y croire !
* Prénom d’emprunt
Propos recueillis par Philippe Cavin